J’avais lu ce livre durant mes études et, dernièrement, je me suis replongée dedans. Ça m’a fait du bien de me remémorer certains de ces concepts. Je me suis dit qu’un gros résumé pouvait vous intéresser.
Pour ceux qui veulent le louer à la bibliothèque ou l’acheter, voici les coordonnées : Daniel Goleman – L’intelligence émotionnelle (1996)
L’intelligence émotionnelle (I.E.) c’est quoi?
C’est la somme des aptitudes mentales et des traits de personnalité qui participeraient à 80 % de la réussite dans notre vie.
Mais encore?
Le nombre de recherches sur la biologie de la personnalité et des émotions a fortement augmenté. Ces recherches ont établi qu’une partie de notre intelligence et de la personnalité est déterminée par des facteurs génétiques. Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes : que peut-on donc changer en nous ? Pourquoi certaines personnes intelligentes échouent dans la vie, alors que d’autres, au QI moins élevé, réussissent mieux ? La réponse est l’intelligence émotionnelle.
L’évolution a donné des émotions à l’être humain, ce qui lui permet de réagir à des situations dangereuses. Ce sont nos ancêtres préhistoriques, régulièrement confrontés à des dangers mortels qui nous ont transmis cet héritage émotionnel. Ces émotions modifient souvent la réflexion logique, dans notre société actuelle. L’être humain possède deux esprits : un qui pense et l’autre qui ressent. L’esprit rationnel permet de réfléchir et de modérer. L’esprit émotionnel est impulsif et puissant. Les deux esprits fonctionnent en harmonie mais en raison de très vives émotions, l’esprit émotionnel prend le dessus.
Les centres du cerveau qui contrôlent les émotions ont été les premiers à se développer. Le système limbique entoure le tronc cérébral (centre des émotions passionnées) qui contrôle l’apprentissage et la mémoire. Le néocortex (siège de la pensée) s’est ensuite développé, puis, derrière les lobes préfrontaux, l’amygdale. Ces structures conservent le vécu émotionnel. En cas de crise, l’amygdale qui donne un sens émotionnel et passionné à la vie, va immédiatement et plus rapidement réagir que le néocortex. Ce cerveau émotionnel agit de manière indépendante du cerveau pensant et donne une dimension affective aux souvenirs chargés d’émotion. Ceci nous permet de nous rappeler des situations agréables ou désagréables.
Notre amygdale nous pousse à l’action. Notre cortex joue le rôle de modérateur en refoulant ou en contrôlant nos émotions. Lorsque l’amygdale est excitée et que le néocortex ne peut contrôler sa réponse, on parle de ‘piratage neuronal’. Au lieu d’essayer d’éliminer nos émotions, nous devrions nous attacher à trouver l’harmonie entre raison et émotion.
Le QI intervient à 20 % dans la réussite dans notre vie. Le reste découle de notre I.E. qui implique des facteurs comme la capacité à se motiver, la persévérance, le contrôle de ses pulsions, l’amélioration du comportement, l’empathie et l’espérance. Le QI et l’I.E. ne forment pas des aptitudes contradictoires mais ils agissent chacune de manière singulière. Pour exemple, une personne peut être brillante mais incompétente sur le plan émotionnel; un déséquilibre entraînant des soucis dans la vie quotidienne.
Cinq axes :
Peter Salovey, pr. de psychologie à Yale, dispose le concept d’I.E. autour de cinq axes : la connaissance de soi, la gestion émotionnelle, l’automotivation, l’empathie et la gestion des relations humaines.
La connaissance de soi et de ses émotions
Les émotions sont souvent dissimulées. La connaissance de soi implique une attention permanente de ce qui se passe à l’intérieur de soi et de ses émotions. La conscience est un état neutre générant une attention introspective, aussi pendant les émotions intenses. John Mayer, psychologue, déclare que la conscience de soi indique que nous sommes « conscient à la fois de notre humeur du moment et de nos pensées relatives à cette humeur ». Les émotions peuvent être conscientes ou inconscientes, et déclenchées avant même que nous en prenions conscience. Les émotions inconscientes impactent fortement notre perception des choses et nos réactions, sans que nous nous en rendions compte. Ainsi, lorsque nous prenons conscience de ces sentiments, nous pouvons les analyser et les maîtriser davantage. La connaissance de soi constitue la base de la gestion de nos émotions et notre aptitude à nous défaire de notre mauvaise humeur en est un bon exemple.
La gestion émotionnelle :
Maîtriser ses émotions. La maîtrise de soi est une vertu depuis la Grèce antique. Mais, une vie sans passion serait ennuyeuse. Préférons un juste milieu menant vers une réponse émotionnelle appropriée. La gestion de nos émotions est un travail à plein temps et l’habileté à ne pas se laisser envahir par nos sentiments, surtout les plus vives, est l’un des outils psychiques vitaux. La structure cérébrale fait que nous ne maîtrisions pas vraiment le moment où nous nous laissons envahir par nos émotions. Pourtant, l’effort, le changement de posture ou même les traitements thérapeutiques peuvent permettre d’exercer un contrôle sur la durée et l’intensité de l’émotion.
La colère est une émotion difficile à maîtriser, notamment parce qu’elle procure de l’énergie. Elle peut durer des heures et engendrer un état d’alerte rendant les individus sensibles à la provocation. La distraction est un des outils utilisés pour entraver la colère. Tout comme se promener seul ou faire de l’exercice contribue. En vue de traiter la dépression, les médecins enseignent aux patients de contester les pensées alimentant leur dépression et de planifier un programme distrayant. Cet outil efficace, s’appelle le recadrage cognitif ; c’est le fait d’évaluer la situation sous un angle plus positif
L’automotivation :
Utiliser ses émotions pour atteindre ses objectifs. La motivation positive est une disposition indispensable pour atteindre son but. Les athlètes, les musiciens et les joueurs d’échecs de haut niveau présentent la même caractéristique : la capacité à s’imposer un entraînement draconien, année après année, depuis leur plus jeune âge. Cette aptitude à retenir ses émotions, à repousser ses pulsions et à remettre à plus tard la gratification est une compétence fondamentale dans la vie et détermine la réussite de ce que l’on entreprend.
L’anxiété mine l’intellect alors que l’humeur positive fait progresser la réflexion. Les individus sachant utiliser leurs émotions peuvent utiliser leur anxiété comme source de motivation. Un degré d’anxiété insuffisant entraine un manque de motivation et des résultats non satisfaisants, alors qu’un degré d’anxiété trop élevé nuit à l’intellect. Il faut trouver le juste milieu : l’hypomanie. Ce niveau d’exaltation est idéal pour tous les créatifs.
L’espérance et l’optimisme sont des éléments importants. L’espérance s’exprime par le rejet de se laisser envahir par le négativisme ou la dépression face aux échecs. L’optimisme, c’est la certitude que toute finit par trouver une fin heureuse et que tout malheur est dû à un élément que l’on peut transformer. L’optimisme est un comportement émotionnellement intelligent capable de stimuler la performance dans le monde entrepreneurial. L’efficacité personnelle (certitude de maîtriser sa propre vie et de pouvoir relever des défis) constitue la base des concepts d’espérance et d’optimisme.
L’état de performance exceptionnelle, identifié par les psychologues s’appelle la « fluidité ». C’est un état dans lequel l’I.E. est utilisée de façon optimale. Cet état décrit l’émotion ressentie lorsque nous sommes absorbés dans des tâches que nous maîtrisons et accomplissons avec plaisir. Cette fluidité se situe entre l’état d’ennui et l’état d’anxiété. Le cerveau apparaît plus calme pendant la fluidité, permettant de terminer des tâches difficiles rapidement.
L’empathie :
Plus on se connaît soi-même, plus on est capable de décoder les sentiments des autres. Les personnes capables de comprendre ce que ressentent les autres sont mieux adaptées, plus populaires, plus extraverties et plus sensibles. L’empathie se développe pendant l’enfance en parallèle de l’harmonisation (échange non-verbal entre enfant et parents). Cet échange permet à l’enfant de se sentir apaisé et connecté émotionnellement.
La gestion des relations humaines :
La capacité d’exprimer ses émotions est une aptitude sociale fondamentale. Elles sont contagieuses parce que nous émettons des signaux émotionnels lors de chaque rencontre et nous imitons de manière inconsciente les émotions exprimées par les autres. Ces signaux ont des effets nos interlocuteurs. Lorsque nous interagissons, nous mimons le langage corporel de l’autre. Plus la correspondance est forte, plus il sera aisé de communiquer son humeur. Cette synchronisation des humeurs est la version adulte de l’harmonisation enfant-parents et constitue une partie déterminante de l’efficacité interpersonnelle. Plus nous serons aptes à ressentir les émotions des autres et de contrôler les signaux que nous émettons, et plus nous pourrons contrôler l’effet que nous produisons sur les autres.
Et dans notre quotidien?
- Le management : L’attitude de certains supérieurs et le mauvais climat qu’ils créent sont contre-productifs et poussent les collaborateurs à démissionner. Pratiquer l’I.E. pour empêcher des situations négatives s’avère payant. En management, le feed-back est la devise de l’I.E. et les supérieurs doivent donner et recevoir du feed-back de manière adroite. Ils ne doivent pas le voir comme une critique ou une attaque personnelle. Afin que la critique soit réellement efficace, il faut l’adresser à la personne concernée, sans détour. Il est important d’exercer notre sens de l’empathie, d’être précis dans nos compliments ou critiques et de se concentrer sur les solutions.
- Le mariage : L’I.E. peut être facilitatrice face aux tensions qui secouent les mariages. Il est préférable que les conjoints expriment leurs reproches sans agresser celui qui est responsable de l’acte. En effet, les attaques personnelles déshonorent le conjoint, le mettent sur la défensive et déclenchent des réactions de fuite ou d’attaque.
- L’éducation des enfants : On constate une détérioration de la santé émotionnelle des enfants dans le monde industrialisé. Cela se traduit par : le repli sur soi, l’anxiété, la dépression, les troubles de l’attention et la délinquance.
- La littératie émotionnelle : La littératie est un terme du monde de l’éducation qui désigne tous les apprentissages de base qui sont enseignés aux élèves, afin de leur donner les fondamentaux qui leur permettront d’évoluer dans la société (Wiktionnaire)
Le « caractère » était le mot utilisé pour les compétences associées de l’I.E. Les personnes qui développent leurs aptitudes à maitriser leur égocentrisme et leurs pulsions entretiennent leur I.E. et leur perception d’eux-mêmes, leur autodiscipline, leur aptitude à se motiver, leur acceptation des autres et peuvent entretenir d’agréables relations avec autrui.
Les citations de ce livre qui m’ont marquée :
« Le QI et l’intelligence émotionnelle ne sont pas exclusifs l’un de l’autre, seulement distincts. »
« Quand on sent ‹ au fond de son cœur › qu’une chose est vraie, elle relève d’un degré de conviction différent, presque plus profond, de celui que nous procure l’esprit rationnel. »
« L’esprit émotionnel est beaucoup plus rapide que l’esprit rationnel ; il entre en action sans marquer le moindre temps d’arrêt pour considérer ce qu’il fait. »
« Lors de toute rencontre, nous émettons des signaux psychologiques qui affectent l’autre. »
« La qualité et le nombre des relations semblent contribuer de manière décisive à amortir le stress. »
« En termes biologiques, nous avons hérité de circuits neuronaux pour les émotions qui ont parfaitement fonctionné pendant cinquante mille générations – mais pas pendant les cinq cents dernières, et encore moins pendant les cinq dernières. »
« Il est difficile de maitriser ses émotions parce que le savoir-faire requis doit être acquis dans des moments où l’individu est précisément le moins capable d’enregistrer des informations nouvelles et d’apprendre de nouvelles habitudes de réaction – c’est-à-dire quand il est contrarié. »
« La question qui se pose est celle-ci : comment mettre notre intelligence en accord avec nos émotions – comment rendre à la vie quotidienne sa civilité, à la vie communautaire son humanité ? »