Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Nicolas Bomal, 43 ans, diplômé en photographie aux Beaux-Arts de Liège en 1999. Vit et travaille à Liège et environs depuis 2000. J’ai fondé un collectif de photographes en 2001 (BlowUp) conjointement avec 7 autres photographes (Vincent Delbrouck, Nicolas Clément, Isabelle Detournay, Vincen Beeckman, Raphaël Carette, Cécile Michel), travaille régulièrement avec le cinéma (repérages, photo de plateau), la presse (Médor, La Libre, Le Soir, Le Vif, …) et les bureaux et revues d’architecture.
8 Tallet, BIG Arkitekter, Copenhague, Danemark, 2016. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Comment définis-tu ton style ?
Mon style est hérité du style documentaire, volontairement en retrait mais pas tout à fait neutre, à l’opposé du photojournalisme prétendant erronément de relater les événements ponctuels de la vie de manière objective. Mes photographies peuvent se lire de manière différente comme un tableau où le spectateur fait ses propres interprétations, ses appariements avec les éléments qui composent l’image. Je pose un regard sur l’environnement qui m’entoure, quelques fois critique, quelque fois poétique et je me construis un univers à partir des éléments du réel que tout le monde peut voir dans son quotidien. On avait défini ma photographie comme celle des “temps faibles” : pas d’action, pas de point culminant ou dramatique, rien que des captures d’un réel sans spectacle. Ma pratique de la photographie a plus à voir avec la pensée chinoise du paysage où le spectateur fait partie intégrante de la scène, c’est un dialogue, une mise en perspective de celui qui se trouve dans le paysage plutôt qu’il ne lui fait face de manière passive.
“A Chacun Son Far West-Wild Horses”, Québec – 2004. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Que veux-tu exprimer dans ton travail ? Quel est ton message ?
La beauté du réel se trouve dans le regard de celui qui veut la voir.
Cuba. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Quelle(s) matière(s) / sujet(s) aimes-tu développer ?
Le paysage, l’urbanisme, le photographie d’architecture, tout ce qui a trait de près ou de loin à l’environnement physique des Hommes.
Centro Kursaal, San Sebastian Espagne, 1999. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Fais-tu intervenir d’autres corps de métier dans tes recherches artistiques ? Ou de l’artisanat ?
Un tireur d’épreuves photographiques, un imprimeur en ce qui concerne les tirages jet d’encre, un encadreur.
© Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Est-ce important de te confronter au public ? Pourquoi ?
Oui et non : toute discipline artistique est une forme d’acte de communication à autrui. Le plus difficile est de pouvoir se détacher suffisamment du lien affectif que l’on entretient inévitablement avec son travail pour que les remarques faciles, ignorantes ou ayant plus à voir avec des jugements de valeur ne m’atteignent pas personnellement. Relativiser et rester humble est nécessaire dans la mesure où je ne sauve pas des vies ou n’œuvre pas à améliorer les conditions de vie de l’humanité.
“Middelland”, Ougrée, 2010. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Peux-tu vivre de ton travail ?
Oui, chichement et en ayant conscience que certains sacrifices de confort de vie moderne sont le prix à payer.
Musée d’Art Moderne, Bilbao, 2012 © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés
Pour toi, est-ce que l’art est utile à la société ? Quel est le rôle d’un artiste ?
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est utile. Il ne l’est que dans la mesure où quelqu’un le considère comme tel. En ce qui me concerne, c’est parti comme une bouée de respiration ou une mauvaise habitude. Un besoin de s’extraire du chaos du monde, ou de l’ordre établi pour y recréer un ordre qui m’est propre, redéfini par des règles que je me choisis. Un artiste est un observateur du monde, un peu comme un chercheur scientifique et propose des interprétations alternatives à l’ordre du monde. Il se joue des conventions et des règles qui régissent la Société pour proposer une lecture alternative de manière à questionner les certitudes, les modes, les courants dominants de pensée et d’action.
Maison Lemoine, Foirac France, 2012. © Nicolas BOMAL Tous Droits Réservés